lunes, 12 de marzo de 2012

PIZARNIK Y LAUTRÉAMONT


Cuando encontraron el cadáver de Alejandra Pizarnik, también dieron con unos versos, escritos con tiza en una pequeña pizarra. Era un último poema, que aquel genio había dirigido a otro. A su querido conde de Lautréamont (Isidore Lucien Ducasse). Como para avisarle de su inminente llegada... Allá, donde el tiempo pierde su nombre. Donde los poetas inmensos, que ya no soportan su prosaica vida, dejan de sufrir...

Criatura en plegaria
rabia contra la niebla
escrito en el crepúsculo
contra la opacidad
no quiero ir nada más que hasta el fondo
oh vida
oh lenguaje
oh Isidoro.

Alejandra Pizarnik - 1972

PIZARNIK ET LAUTRÉAMONT

Lorsqu'on découvrit le cadavre d'Alejandra Pizarnik, on trouva aussi quelques vers, écrits à la craie sur une petite ardoise. C'était un dernier poème, que ce génie avait adressé à un autre. À son cher comte de Lautréamont (Isidore Lucien Ducasse). Comme si elle avait voulu l'avertir de son imminente arrivée... Là-bas, là où le temps perd son nom. Où les poètes immenses, qui ne supportent plus leur vie prosaïque, cessent de souffrir...

Créature semblable à un priant*
rage contre le brouillard
écrit sur le crépuscule
contre l'opacité
je ne veux aller qu'au fond
ô vie
ô langue
ô Isidore.

Alejanddra Pizarnik - 1972

* Priant: (Archéol.) Statue funéraire figurant un personnage agenouillé. "sur le crépuscule", pourrait aussi être traduit: "dans le crépuscule". Mais il me semble qu'ainsi, l'image est plus forte et étrange.